Le 30 novembre restera une date importante pour Arnaud Montebourg. Ce jour-là, le ministre du redressement productif est désavoué sur la nationalisation des hauts-fourneaux de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) par le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault. "Si le président reçoit son ministre, refuse sa démission et oblige M. Ayrault à en faire de même, le mal est fait. M. Montebourg considère que sa crédibilité est gravement atteinte", raconte Le Monde dans son édition du 7 décembre.
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Arnaud Montebourg avait évoqué une nationalisation temporaire, le temps de trouver un repreneur pour l'ensemble du site de Florange. La présidence de la République avait fait savoir que c'était effectivement sur la table des négociations avec ArcelorMittal. Mais M. Montebourg a finalement perdu cette bataille face à M. Ayrault. Cet épisode dévastateur pour le gouvernement a affaibli le ministre, qui a été personnellement atteint, ont confié ses proches au Monde (lire en zone abonnés).
"J'AI UN MORAL D'ACIER"
Malgré cet épisode, l'ancien député de Saône-et-Loire affirme ne pas être du tout déprimé, dans Paris Match, daté du mercredi 12 décembre. "Je suis en pleine forme ! (...) J'ai un moral d'acier, d'acier lorrain, un des meilleurs au monde !", affirme-t-il à l'hebdomadaire. "Vous voudriez que j'aie l'air accablé ? Ben, pas du tout ! J'ai des équipes passionnées et même quand on se prend une batte de baseball dans la tête, on garde le sourire ! Dans cette période, je crois même que le ministre du redressement productif fait progresser ses idées et ses rêves", veut-il croire.
Il n'empêche : le ministre du redressement productif ne souhaite plus s'exprimer sur le dossier ArcelorMittal. Interrogé sur ce sujet, lundi 10 décembre, à Bruxelles, il a renvoyé vers le cabinet de Jean-Marc Ayrault : "C'est son dossier."
Malgré son activisme et sa virulence sur le front des plans sociaux et des fermetures d'usine, M. Montebourg peine toutefois à obtenir des résultats, notamment dans le dossier PSA. "C'est faux !", rétorque-t-il dans Paris Match, reconnaissant toutefois que sa mission est "difficile". "Après des années où l'industrie a été abandonnée, nous inversons la vapeur. Nous sommes des soldats de l'emploi !", ajoute-t-il.
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Avant de défendre sa méthode de négociations vis-à-vis de Mittal. "On casse le cadre, on perturbe la routine et on organise le sauvetage. Cette négociation franche et directe porte ses fruits." En privé, le ministre n'en démord pas : son idée de nationaliser l'aciérie mosellane d'ArcelorMittal, pour la céder ensuite à un repreneur, était la bonne.
UN BOND EN POPULARITÉ
Sa méthode n'a évidemment pas plu au PDG du groupe ArcelorMittal. "Si aujourd'hui, un pays comme la France, la cinquième économie du monde, parle de nationalisation, quel bond en arrière !", lance Lakshmi Mittal dans Le Figaro publié ce jeudi, en visant explicitement M. Montebourg. Interrogé sur la déclaration du ministre, qui avait affirmé ne "plus vouloir de Mittal en France", l'entrepreneur se dit "choqué" et ajoute : "Jamais je n'aurais attendu de propos aussi irrationnels d'un ministre ! (...) Je n'ai d'ailleurs jamais eu le sentiment de ne pas 'être le bienvenu' lors de mes rencontres avec François Hollande."
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Mais le "troisième homme" de la primaire socialiste peut trouver un motif de satisfaction personnelle dans cette séquence qui lui a été défavorable au niveau politique. Arnaud Montebourg réalise en effet un bond dans le tableau de bord des personnalités IFOP-Paris Match. Alors que la cote de popularité de l'exécutif continue de s'éroder, il gagne neuf points de bonnes opinions par rapport à novembre dans ce sondage réalisé du 6 au 7 décembre auprès de 1 014 personnes, totalisant 60 % d'opinions favorables (voir en PDF). M. Montebourg devient ainsi la deuxième personnalité du gouvernement la plus populaire derrière Manuel Valls, qui caracole en tête avec 72 % d'opinions favorables.
Cette hausse de la popularité de M. Montebourg vient surtout du jugement plus clément des proches de la droite, alors que sa cote reflue auprès des ouvriers, précise l'IFOP. L'institut de sondage souligne aussi que M. Montebourg remporte de peu le duel de préférence qui l'oppose à son premier ministre. Invités à choisir entre Arnaud Montebourg et Jean-Marc Ayrault, 49 % des Français optent pour le premier, tandis que 46 % penchent pour le second, selon l'IFOP, même si les sympathisants du PS soutiennent davantage le locataire de Matignon (56 % en sa faveur, contre 43 % pour Arnaud Montebourg).
source: lemonde.fr