Vingt-quatre heures avant le début de la bataille parlementaire sur le "mariage pour tous", majorité et opposition sont l'arme au pied, prêtes à en découdre, à aller jusqu'au bout pour la première et à faire gripper la machine pour la seconde. A 16 h 30, mardi 29 janvier, les députés donneront le coup d'envoi d'un marathon législatif censé durer jusqu'au 10 février, soir et week-ends compris. Les débats, les commentaires et les analyses des journalistes mobilisés sur le terrain seront retransmis en direct sur Le Monde.fr.
Pour la gauche, il faudra veiller à ne pas reproduire l'ouverture désastreuse des débats sur le pacs, en 1998, où la droite, en supériorité numérique, avait réussi à faire rejeter le texte d'emblée. "Des tours de présence" ont été organisés, a ainsi prévenu Jean-Jacques Urvoas (PS, Finistère), notamment pour assurer les deux week-ends de débats, moments à risque où l'opposition pourrait prendre la majorité par surprise. Le 12 février, un vote solennel aura lieu et, à de rares exceptions près, celui-ci devrait se montrer très clivant gauche-droite.
Lire : Un député PCF contre le mariage gay et "Benoist Apparu (UMP) votera en faveur du mariage homosexuel"
Le projet de loi ira ensuite au Sénat et, après toutes les navettes entre les deux chambres, le "mariage pour tous" devrait être définitivement adopté au mieux vers la fin avril, dans le respect du calendrier promis par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Sur ce texte, ni la procédure accélérée ni le "temps programmé" – qui permet de fixer à l'avance la durée des débats – n'ont été engagés ; le gouvernement a souhaité se montrer soucieux de la liberté de parole de l'opposition, qui ne s'en est pas privée.
5 362 AMENDEMENTS DONT 96 % DE L'UMP
Pour le moment, 5 362 amendements ont été déposés dont 5 166 sont signés de l'UMP, 94 de l'UDI, 59 de députés non-inscrits, 13 des écologistes, 12 des socialistes et apparentés, 11 des radicaux de gauche et 7 de la Gauche démocrate et républicaine. Un certain nombre de ces amendements devraient toutefois être jugés irrecevables lors de la dernière réunion de la commission des lois, à 14 heures mardi.
Après la séance de questions au gouvernement de mardi 29 – de 15 heures à environ 16 h 15 – qui devrait déjà être en grande partie consacrée au sujet du "mariage pour tous", les députés entreront dans le vif de l'examen. Avant le début de la discussion générale – au cours de laquelle des orateurs (parfois plusieurs dizaines) défilent à la tribune pour exprimer le point de vue de leur groupe sur le texte qui s'apprête à être étudié – la droite déposera deux motions.
La première, la "question préalable", sera défendue par Henri Guaino (UMP, Yvelines) qui expliquera en quoi, selon son groupe, le texte est jugé inopportun est donc ne devrait pas être débattu. La seconde, la "motion de renvoi en commission", sera, elle, défendue par Jean-Frédéric Poisson (UMP, Yvelines) qui aura pour objectif de faire renvoyer le texte en commission pour un nouvel examen. Sauf surprise, aucune des deux ne devrait être adoptée. Pendant la discussion générale, à un moment qui n'a pas encore été décidé, Laurent Wauquiez (UMP, Haute-Loire) défendra lui une "motion référendaire" pour "forcer le débat sur cette question du référendum".
source: lemonde.fr