L’internet de santé fait toujours parler de lui, parce qu’il bouscule les habitudes de la médecine qui, malgré toute son appétence pour l’innovation scientifique, a ses traditions.
La tradition veut que le patient qui ne sait pas, attende du médecin qui sait tout, ou presque, de porter un diagnostic et de lui proposer un traitement. Or aujourd'hui, environ 70% des internautes recherchent des informations de santé tous seuls, et peuvent donc poser des questions concernant le diagnostic, le traitement, ou tout autre chose.
Même si de leur côté, les médecins sont de gros consommateurs de l'Internet, devenu quasiment indispensable à l'exercice de leur métier, aussi bien pour faire de la correspondance médicale, de la formation continue, ou collaborer, ce nouveau questionnement par le patient pose un problème au médecin qui ne sait pas tout. Il ne peut pas connaître toutes les pages web que le patient pourrait consulter, il n'a pas appris à gérer la contradiction, et enfin le temps de la consultation doit être limité par des considérations économiques. Les patients ressentent une gêne et seulement un tiers d'entre eux « ose » parler de leurs recherches sur Internet à leur médecin. Internet n'est pas à l'origine de ce challenge de communication ; il en est simplement le révélateur.
La France s'est dotée d'une méthode de contrôle de qualité des sites web santé, la certification par le HONCode, qui est un engagement par l'éditeur de respecter 8 principes de qualité.
Au delà de la recherche d'informations scientifiques ou médicales, l'Internet de santé est entré de plein pied dans le domaine du web 2.0 et des médias sociaux où l'internaute est contributeur à part entière. Tant pour les médecins que pour les patients, cela se traduit par l'appartenance des individus à des communautés virtuelles de semblables, la création ou le commentaire de blogs, voire de « wikis » collectifs, l'utilisation d'applications mobiles. Wikipedia qui contient plus d'un million d'articles en langue française est une ressource très utilisée pour l'information médicale.
Les douze derniers mois ont été marqués à la fois par l'émergence de nouvelle questions portant sur les médias sociaux : le médecin et le patient, peuvent-ils communiquer sur Facebook ou Twitter et aussi par l'introduction très remarquée du iPad,
La possibilité pour le médecin de disposer, au bout des doigts, d'images et d'informations, voire de l'avis d'un collègue au moment où c'est utile, est extraordinaire. Finie la formation à base de livres épais rapidement périmés, fini l'amphi où l'on note les paroles du patron sans échanger. La grande majorité de médecins américains a ou aura bientôt un iPad.
Les smartphones et tablettes ouvrent aussi de nouvelles perspectives dans le domaine de la télé-médecine. Avec leur capacité de prendre des photos de haute densité, de reconnaître la nature des images, de faire des calculs à toute vitesse, ces outils rendent possibles les applications mobiles qui peuvent évaluer un électrocardiogramme, donner un avis sur un cliché de la peau, suivre des paramètres biologiques.
Withings, une jeune entreprise française propose des objets médicaux communicants : le tensiomètre comunique les chiffres de tension artérielle par wifi à un destinataire choisi par le patient. InstantHeartRate.com pour iPhone permet de connaître sa fréquence cardiaque. MesVaccins.net permet à l'usager de se faire conseiller sur ses vaccins. Et l'application Android "Alerte Fièvre" est un outil de gestion de fièvre mis au point par un urgentiste.
Ce serait dommage que l'on recrée sur Internet deux mondes totalement isolés, celui du professionnel, celui du patient, comme dans la vraie vie. Pour dépasser les limites, il faut en parler tous ensemble. J'ai voulu que l'on prenne la mesure en France de l'apport du web 2.0 dans la santé, et de tout ce que ces outils et collaborations peuvent améliorer pour la qualité des soins des patients. C'est l'objectif de la conférence Doctors 2.0 & You, un événement international et interactif, qui met l'accent sur le couple médecin-patient, et de ce qu'il est possible de faire grâce aux nouveaux outils du web. Les thématiques sont l'action des médecins à l'intérieur des communautés médicales, la relation médecin-patient-hôpitaux dans les médias sociaux, les applications mobiles et iPad, le rôle de l'Etat et de l'industrie. 49 speakers étrangers seront en France pour décortiquer ensemble la e-santé !
Source: http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr