FESTIVAL DU VENT - La dernière conférence du Festival du vent est revenue sur l'échec du sommet Rio+20...
Ambiance morose ce mercredi après-midi à Calvi: sous la pluie revenue en force, les débats du dernier tchatche-café, retranché dans les sous-sols de l’hôtel La Balagne, revenaient sur l’échec du sommet Rio+20. En juin dernier, les vingt ans du premier sommet de la Terre devaient être un moment marquant dans l’histoire de l’écologie. Il n’en fut rien.
Diplomatie à la brésilienne
La faute aux chefs d’Etat peu nombreux à avoir fait le déplacement au Brésil? Même si leur présence n’est souvent que symbolique, force est de constater qu’ils n’étaient pas nombreux à vouloir s’afficher comme des défenseurs de l’environnement à quelques mois d’échéances électorales dans leur pays, comme Barack Obama, et quelques jours après le sommet du G20 de Los Cabos. «Certains ont pensé qu’il ne sortirait pas grand-chose du sommet et ont préféré ne pas venir pour ne pas endosser la responsabilité d’un échec», estime Marie-Hélène Aubert, conseillère pour les négociations Climat et environnement à la Présidence de la République, qui vante la présence de François Hollande à Rio. On passe sur le fait que la ministre de l’Ecologie de l’époque, Nicole Bricq, se soit au même moment fait limoger du gouvernement après avoir montré sa réticence à accorder des permis de prospection pétrolière au large de la Guyane. La France était à Rio.
Mais les pays européens et les vieilles puissances avaient-elle encore la main sur les négociations? «Quand l’Europe est arrivée avec le thème de l’économie verte, cela a provoqué une débandade dans les pays du Sud: ils entendaient marchandisation, multinationales, vendre la nature pour la sauver», juge pour sa part Gilles Luneau, rédacteur en chef de Global magazine. Sans oublier que désormais, les pays émergents, Brésil, Inde, Chine et Russie, ont la capacité à imposer leurs points de vue. «Le sommet avait lieu au Brésil et représentait un enjeu considérable pour Dilma Rousseff: montrer aux yeux du monde que son pays était ancré dans le progrès et la croissance». Quitte a employer des moyens peu diplomatiques: «La présidence brésilienne avait à cœur que ça ne finisse pas en eau de boudin, raconte Marie-Hélène Aubert. Du coup, après des jours de négociations, le Brésil a mis un texte sur la table, dans lequel il avait enlevé tout ce qui était conflictuel, et c’était à prendre ou à laisser».
Et toi, tu fais quoi?
De cet accord a minima, on a pu se réjouir de quelques minces avancées. Mais la plupart des participants au sommet de Rio en sont partis avec la gueule de bois. Alors à Calvi ce mercredi, on cherchait comment faire pour que l’environnement redevienne une préoccupation politique. «Des entités régionales se forment partout dans le monde, à l’image de l’Union européenne, et gèrent des aires géographiques qui ont des problématiques communes, rappelle Marie-Hélène Aubert. Il y a aussi les collectivités locales, les villes qui sont actives dans des réseaux internationaux, des régions, etc. On passe d’un système pyramidal à quelque chose de plus transversal et horizontal».
Et même à Rio, on a bien vu que ceux qui agissaient au quotidien pour l’environnement n’étaient pas ceux qui étaient présents au centre de conférences. Des associations rassemblées au Sommet des peuples aux entreprises qui travaillent en commerce équitable avec les seringueiros d’Amazonie, en passant par les favelas qui se reconvertissent dans l’éco-tourisme, les solutions sont multiples et bien souvent plus efficaces que les grands discours. Et si Rio+20 avait finalement été le sommet du «Penser global, agir local»? Les participants au Festival du vent pourront rentrer chez eux en se demandant ce qu’ils peuvent maintenant faire eux pour la planète, à leur échelle.
Source: http://www.20minutes.fr