Le groupe va couper de 73% son dividende l'an prochain. Mais des cessions d'actifs paraissent encore nécessaires pour éviter un passage en «junk»
Le sacrifice était attendu mais pas d'une telle ampleur. Pour se désendetter et faire face à une situation économique fortement dégradée, ArcelorMittal va réduire à 0,2 dollar par action le montant du dividende qu'il versera en juin 2013 au titre de l'exercice 2012, soit une chute de 73% par rapport au coupon payé cette année. Les analystes, même les plus pessimistes, s'attendaient à une réduction de moitié, tout au plus. Le premier producteur mondial d'acier économisera ainsi 860 milliards de dollars de cash en 2013.
La chute des prix du minerai de fer et de l'acier, conjuguée à la baisse des volumes d'acier vendu (-8,3% par rapport au deuxième trimestre) ont envoyé ArcelorMittal dans le rouge au troisième trimestre : 709 millions de dollars de perte nette et 1,5 milliard de dollars de cash-flow consommés. Conséquence, au 30 septembre, sa dette nette a augmenté de 1,2 milliard pour atteindre 23,2 milliards de dollars. Hors cessions d'actifs, elle devrait s'établir à environ 22 milliards de dollars à la fin de l'année, soit 3,1 fois l'excédent brut d'exploitation de 7 milliards attendu en 2012, tout près du covenant de «leverage» fixé à 3,5.
Dans ce contexte, les analyses de BoA Merrill Lynch, qui regrettent l'absence de cessions d'actifs au troisième trimestre, redoutent qu'ArcelorMittal «prenne de nouvelles initiatives contraires aux intérêts des actionnaires dans les prochaines semaines pour réduire sa dette». Fin septembre, le sidérurgiste a émis une obligation perpétuelle subordonnée pour un montant de 650 millions de dollars, avec un coupon annuel de 8,75%, sa première opération depuis sa dégradation en août en catégorie «junk» par S&P.
En août, lors de sa mise sous surveillance négative, Moody's estimait que le groupe aurait besoin de réduire de 5 milliards de dollars son endettement avant la fin du premier semestre 2013 pour préserver sa notation «investment grade», une priorité réaffirmée encore mercredi par la direction d'ArcelorMittal.
En s'ajoutant à la récente émission obligataire, et aux 2,7 milliards de dollars d'actifs cédés ces derniers mois, l'ouverture du capital des actifs miniers au Canada permettrait de trouver les quelque deux derniers milliards nécessaires. Mais la direction d'ArcelorMittal rechigne à faire entrer un actionnaire minoritaire dans ce qui est considéré comme son plus bel actif minier.
Source: http://www.agefi.fr