PARIS (Reuters) - Le gouvernement français maintient son objectif de réduction de ses déficits publics à 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013 malgré les signaux envoyés par Olli Rehn, qui a laissé entendre vendredi que Paris pourrait obtenir plus de temps.
"Notre trajectoire des finances publiques, telle que fixée cet automne, reste inchangée", ont indiqué samedi à Reuters les services du Premier ministre, au lendemain des propos du commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.
En marge d'un déplacement samedi dans un centre d'hébergement d'urgence parisien, Jean-Marc Ayrault a qualifié d'"indispensable" l'objectif de ramener les déficits publics à 3% du PIB en 2013.
C'est la crédibilité sur le long terme des politiques engagées qui compte, pas le fait de tenir à tout prix l'objectif de 3% pour 2013, avait estimé vendredi Olli Rehn. "Une fois que vous avez une stratégie budgétaire crédible à moyen terme, y compris par le biais de réformes, vous pouvez avoir un ajustement plus doux", ajoutait-il dit dans une interview que publie Le Monde.
De son côté, citant de hauts responsables au sein de l'exécutif européen et du gouvernement espagnol, El Pais croit savoir samedi que la Commission européenne va donner davantage de temps à l'Espagne et à la France pour ramener leurs déficits publics sous le seuil des 3% du PIB.
Paris bénéficierait ainsi d'une année supplémentaire.
Contactée par Reuters, la Commission a refusé de commenter l'information du journal espagnol.
Accueilli avec scepticisme à Paris, le délai évoqué par El Pais est néanmoins jugé plausible du fait de la morosité de la conjoncture économique prévue dans la zone euro en 2013.
Le budget français a été bâti sur une hypothèse de croissance de 0,8%, mais la Commission, le Fonds monétaire international et l'Insee prédisent une croissance plate en 2013.
CETTE RÉFLEXION EST "LA BIENVENUE"
Hors rebond improbable de l'économie, le gouvernement français semblait condamné à prendre des mesures d'austérité supplémentaires en cours d'année pour atteindre des objectifs budgétaires sur lesquels le président François Hollande a, pour une large part, gagé sa crédibilité.
L'Insee s'attend à une stagnation de l'économie française au premier semestre 2013 et à une nouvelle hausse du chômage, des prévisions qui fragilisent l'optimisme du gouvernement.
Si, officiellement, la ligne de Paris sur ses déficits n'a pas changé, des responsables français se félicitent de la réflexion en cours à Bruxelles sur la rapidité avec laquelle les ajustements budgétaires doivent être mis en place en Europe.
"Cette réflexion générale est la bienvenue", juge un responsable français.
Il se félicite notamment du fait que le commissaire européen au Affaires économiques ait choisi de faire ses déclarations au Monde "à froid", alors que règne un calme relatif sur les marchés financiers et qu'aucune décision ou échéance cruciale n'est prévue à court terme sur ces questions.
Un assouplissement général décidé au niveau européen dans quelques mois permettrait à la France de s'épargner une cure d'austérité supplémentaire sans pour autant être stigmatisée sur les marchés financiers.
Paris veut croire que le prix historiquement bas auquel se négocie la dette française - aux alentours de 2% pour ses emprunts à 10 ans - reflète sa crédibilité sur l'effort budgétaire et les mesures structurelles engagés.
source: yahoo.fr