Voilà deux mois que la fête olympique a pris fin. Une quinzaine londonienne riche en souvenirs et en émotions, notamment pour nos athlètes français. Metro a donc demandé à trois d'entre eux, aux trajectoires bien distinctes, comment ils ont digéré la chose.
Il est allé au bout :
Luc Abalo, médaillé d'or avec l'équipe de France de handball
"C'est une aventure exceptionnelle. Avec le recul, je m'en rends d'autant plus compte. Quand on est plongé dans la compétition, on est exclusivement concentré sur ce qu'on a à faire. Et une fois qu'on est rentré chez nous, on n'a qu'une seule envie : que ça continue. Ce qu'on a vécu au village olympique, sur le terrain, avec le public, les moments de célébration sur le podium avec la médaille autour du cou, on sait qu'on ne le vivra qu'une fois. Il faut une bonne semaine pour réaliser. Une fois que tu retournes au calme, qu'il n'y a plus autant de monde autour de toi, que tu n'as plus tes coéquipiers près de toi dans le vestiaire, au réfectoire, au village... C'est une fois que tous ces moments qu'on partage ensemble s'arrêtent que tu te rends compte que tu as vécu quelque chose d'extraordinaire. D'ailleurs, tu ne redescends jamais sur terre. Tu es champion olympique et tu ne peux pas l'oublier. Il faut justement en être fier, parce que ça peut t'aider à améliorer tes performances. Au final, je me dis que c'est l'ambiance du site olympique qui m'a donné des ailes. Et maintenant, je veux me servir de ces ailes pour survoler mon sport."
Il est passé tout près :
Boris Diaw, éliminé par l'Espagne en quart de finale avec l'équipe de France de basket
"On ne digère jamais une telle élimination. C'est toujours difficile de perdre un match, mais là, on avait vraiment l'espoir d'aller plus loin dans ce tournoi olympique... Après, il faut se faire une raison, et essayer d'en tirer le positif. Certaines défaites peuvent être utiles pour pouvoir mieux faire à l'avenir. On peut quand même se dire qu'on s'est amélioré ces dernières années en regardant nos résultats dans leur ensemble. Donc même si on y repense toujours et que cela nous reste en travers de la gorge, on sait que cela va nous servir de moteur. Ce n'est pas comme si c'était un coup de bambou et qu'on s'était subitement arrêté d'exister. Nous restons des basketteurs, qui pouvons justement analyser les choses."
Il est passé à côté :
Ladji Doucouré, dernier de sa série en demi-finale du 110m haies
"J'ai dû digérer le jour même de mon élimination. Malgré le rêve olympique, tout ce qui passe autour et l'envie de bien s'exprimer, on garde toujours un pied sur terre. Et quand cela ne se passe pas bien, tu redescends d'un coup. Après, chacun le prend à sa manière, mais pour moi, cela a été super rapide. C'était mes premiers Jeux alors, dès les vacances, je suis arrivé à faire la part des choses. Je n'ai pas ruminé ma déception, parce que je sais que, dans la réussite comme dans l'échec, il faut savoir rebondir. Peu importe les résultats, on a déjà tous la tête à la saison 2013. Mais c'est vrai que quand tu travailles quatre ans pour quelque chose, il faut forcément beaucoup plus de temps pour s'en remettre que pour n'importe quelle autre compétition. Pendant les vacances, tu fais le bilan, donc tu rumines certaines choses. Et à un moment donné, tu te dis que c'est fini, et tu passes à autre chose. Il le faut, sinon tu n'avances plus. Aujourd'hui je n'ai qu'une obsession : retrouver un moyen de courir vite, savoir comment m'entraîner pour pouvoir m'imposer à nouveau. Ensuite le plaisir reviendra. Mon objectif : les championnats du monde à Moscou en août 2013. Les JO 2016 ? Ce serait une connerie d'y penser tout de suite. Il reste de gros points de passage avant cette échéance. Quatre ans, c'est long. Mais c'est sûr que je voudrais bien terminer là-dessus. Maintenant, à moi de construire mon ambition en enchaînant les compétitions, sans rester à l'infirmerie. Sinon tu ne tiens pas."
Source: http://www.metrofrance.com