Après l'ouverture de Data.gouv.fr en décembre dernier, c'est au tour de la SNCF de prendre le train de l'open data. Le transporteur a ouvert ses données ferroviaires dans l'espoir de faire développer des applications mobiles destinées aux voyageurs. Dans ce but, elle lance un concours d'idées ouvert à tous.
La SNCF a décidé de s'engager résolument dans l'open data. Nous sommes objectivement l'une des premières grandes entreprises publiques françaises à le faire. Nous avons décidé de rendre progressivement accessibles nos données jusqu'ici non publiques, parce qu'une entreprise qui ouvre ses données est une entreprise qui s'ouvre elle-même, et qui se donne plus de chance de répondre aux attentes de ses clients.
Pendant longtemps, nous pensions que nous étions les seuls capables de concevoir et de développer les meilleurs services pour les voyageurs. Aujourd'hui, nous sommes persuadés que les usagers détiennent beaucoup d'informations que nous n'avons pas et qu'ils ont les moyens de nous aider à nous améliorer. Nous voulons co-construire avec eux les services et les produits dont ils ont besoin. Pour eux et aussi pour nous, parce que je suis persuadée que des voyageurs mieux informés, c'est un atout pour gérer un réseau saturé et que de meilleures "data" serviront aussi à rendre plus intelligents nos outils d'exploitation.
REINVENTER LA MOBILITE AVEC LES USAGERS EUX-MEMES
Pour enrichir notre application SNCF Transilien, lancée en septembre 2011 et déjà téléchargée plus de 500 000 fois, nous avons lancé un concours d'idées, le concours Open App. Du 8 mars au 4 mai, nous avons recueilli plus de 2000 idées d'applications pour smartphones auprès des internautes et des usagers des transports publics. La majorité concernent l'optimisation du temps de trajet, avant, pendant et après : gestion des abonnements, infotrafic, géolocalisation des trains, services en gare, alternatives en cas d'incident, multimodalité, etc. C'est normal puisque l'information est l'une des principales attentes des voyageurs. Mais nous avons également eu la surprise de voir que 40% des projets d'applications concernaient l'utilisation du temps de transport rendu disponible pour se cultiver, se distraire, créer ou recréer du lien avec les autres voyageurs.
Nos clients consacrent en moyenne 72 minutes par jour à leur trajet. Dans nos vies minutées, le mobile offre de nouvelles opportunités personnelles pendant le temps du transport, ce que ne permettent pas les modes de déplacements individuels. On nous a proposé une appli pour compter les calories dépensées pendant nos déplacements, une autre pour faciliter nos rendez-vous ; et je rêve d'une appli qui permettrait de choisir son voisin en fonction de ses centres d'intérêts : l'anglais ou l'espagnol, la couture ou les mots croisés...
Dans la foulée, nous avons organisé ce week-end notre premier « hack day », pendant lequel une dizaines d'équipes de « geeks » ont planché sur des projets d'applications directement utilisables par les voyageurs. Avec notamment, comme jeux de données disponibles, les gares desservies, les services et équipements en gare, les horaires théoriques des trains, les horaires en temps réel sur la ligne L et le RER C, et la fréquentation des gares. Et ce n'est qu'un début. La prochaine version de l'application Transilien intègrera des fonctionnalités plébiscitées par les voyageurs. A terme, un Transilien Store regroupera les meilleures applications.
L'enjeu pour SNCF Transilien, ce n'est pas l'open data en lui-même. L'open data est un moyen d'accélérer la transformation de notre entreprise, de la mettre en capacité de répondre encore mieux aux attentes des voyageurs.
Pour les équipes marketing, c'est un véritable accélérateur de transformation. Le mobile, c'est la possibilité de gérer une contradiction apparente : s'occuper à la fois d'une foule de 3 millions de voyageurs quotidiens et de chaque individu. En termes de marketing, c'est passionnant !
Source: http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr