INTERVIEW - Plans de départs volontaires, renouvellement de la flotte ralenti… la politique sociale et environnementale d'Air France a pris la crise de plein fouet. Pierre Caussade, son directeur qualité environnement et développement durable, valorise néanmoins les efforts d’une compagnie aérienne dans la tourmente...

Air France traverse une crise aigue, avec quel impact sur sa politique RSE (responsabilité sociale et environnementale)?

La conjoncture économique a renversé complètement la donne. Le transport aérien en général comme le transport européen, sont en difficulté. Le groupe Air France-KLM n’y échappe pas. Cette crise intervient après une décennie de fort développement du groupe, avec de nombreuses créations d’emplois et des embauches. Naturellement, beaucoup d’enjeux changent de nature. Mais cette l’épreuve est également l’occasion de réaffirmer nos vraies valeurs, en adaptant nos plans de réponses.

Pour les salariés du groupe, quelle suite comptez-vous donner?

La politique RSE fait partie de l’attractivité d’une entreprise, tous les sondages le montrent. Les salariés ont envie d’être fiers de leur entreprise, de s’y sentir bien. Evidemment quand une entreprise est confrontée à des difficultés de grandes ampleurs, c’est moins facile. Mais on fait tout pour préserver l’emploi à tout prix. Air France est d’ailleurs en train de mettre en œuvre un plan de départs volontaires, et non un plan de licenciement, qui serait beaucoup plus dramatique sur le plan social. A long terme, on sait que les réponses clés sont le développement des compétences, la mobilité, la capacité à passer d’un emploi à un autre. Il y a des emplois tout à fait porteurs dans l’entreprise et d’autres dont l’utilité et les fonctions sont appelés à évoluer. Le plus important reste de préserver la ressource humaine, avec un accompagnement permettant de s’adapter aux nouvelles conditions du métier et à l’évolution du secteur.

Le transport aérien passe également pour être un gros pollueur. Comment cela peut-il changer?

C’est une critique qui nous est souvent faite. Elle est vraie, on ne cherche pas à se défausser, mais il faut la relativiser. Le transport aérien représente 2% à 3% des émissions de gaz à effet de serre. Comparativement, cela reste moins que le secteur automobile ou maritime. Notre part continue d’augmenter seulement en raison de l’augmentation du trafic. A côté de ça nous actionnons différents leviers dont un premier, la modernisation de la flotte. Nos capacités financières n’étant plus ce qu’elles étaient, nous avons du ralentir notre plan de renouvellement, mais il a été énorme sur les 10 années précédentes. Air France KLM possède l’une des flottes les plus modernes du monde. Ensuite, nous travaillons sur les biocarburants durables et tout ce qui peut améliorer l’efficacité de nos avions. Le simple fait de réduire leur poids a un impact très intéressant sur notre consommation de carburant.

Source: http://www.20minutes.fr