Du rêve à la réalité, il existe un bon nombre d'obstacles à franchir avant de prendre un nouveau cap. Sont-ils aussi insurmontables qu'il n'y parait ? Deux experts de la formation partagent leur point de vue.
Une étape possible, si réfléchieSelon les résultats d'une récente enquête menée par le site Monster, 52 % des Français seraient prêts à envisager une reconversion professionnelle. Même si l'idée de changer de carrière semble avoir fait du chemin dans la tête des salariés, rares sont ceux qui osent réellement franchir le pas. « Ils surestiment souvent les obstacles inhérents aux reconversions », estime Sylvaine Pascual, coach professionnelle et auteur du blog Ithaque Coaching. « Même si une reconversion n'est jamais exempte de risque, elle est possible si le projet de changement a été mûrement réfléchi et s'il a été mis en place avec lucidité et détermination. »
Chaque semaine, Sylvaine Pascual rencontre des salariés prêts à déployer des efforts considérables pour faire vivre leur projet d'évolution professionnelle. « À partir du moment où ceux-ci ont identifié une voie de reconversion pertinente et cohérente, rien ne les arrête. Ils sont prêts à s'investir dans une formation et à acquérir de nouvelles compétences. » Un constat partagé par Mathilde Bourdat, responsable des formations au sein du groupe Cegos, qui ajoute « bien mené, un rebond dans une carrière est aussi constructif sur le plan professionnel que personnel. »
Si les projets de reconversion professionnelle sont possibles, c'est également parce que les salariés sont désormais encadrés par des outils d'accompagnement. « Outre les ressources internes de la personne, il existe en effet de nombreux dispositifs permettant aux salariés d'être aidés tout au long de leur projet », confirme Sylvaine Pascual. Bilans de compétences, coaching, financements de formations... « Les obstacles à la reconversion sont loin d'être insurmontables. Cette étape peut même être joyeuse, en particulier si le salarié s'oriente, avec ses tripes, vers un métier qui le fait vibrer. »
Des difficultés à ne pas négligerSi les salariés ont en effet intégré le fait qu'ils pouvaient être acteurs de leur carrière professionnelle, ils n'en demeurent pas moins confrontés à des obstacles de taille. Dont un, largement sous-estimé. « Pour certains salariés, le fait de repartir à zéro et de redevenir un débutant dans un nouveau métier peut générer des déceptions », explique Mathilde Bourdat, du groupe Cegos.
C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de faire preuve d'une grande maturité avant de se lancer dans un changement professionnel. Par ailleurs, l'entourage du candidat à la reconversion joue également un rôle primordial. « Lorsqu'un salarié doit franchir un seuil de qualification significatif, son entourage peut ne pas comprendre le changement qui s'opère. D'autant que ce nouveau projet, qui requiert un investissement important, peut bousculer certaines habitudes au sein d'une famille. »
Autre aspect, loin d'être anticipé par les salariés : le marché de d'emploi. Aussi étonnant que cela puisse paraître, certains salariés continuent de se réorienter vers des secteurs en crise ou des métiers sinistrés. « Pour s'assurer de la viabilité de son projet, il est primordial de s'intéresser, avant de se lancer, aux perspectives qu'offre le marché de l'emploi, particulièrement fluctuant », rappelle Mathilde Bourdat.
Quant aux dispositifs d'accompagnement, Mathilde Bourdat s'accorde à dire qu'ils « constituent une aide précieuse pour les candidats à la reconversion. » Pour autant, ils sont loin d'être suffisants et « ne doivent pas se substituer à la ténacité », insiste-t-elle. D'autant que dans certaines villes de l'Hexagone, les dispositifs d'accompagnement ne sont pas très nombreux. Les organismes-phares tels que Les Cités des Métiers sont même parfois absents du paysage de la formation professionnelle.
Source: http://www.expectra.fr