DÉBAT - En période de crise, beaucoup d'entreprises ralentissent leurs efforts en termes de RSE. Mais les coupes budgétaires ne se font pas toujours là où on le croit%u2026
La RSE, responsabilité sociale des entreprises pour les non-initiés, c'est trois lettres qui reposent grosso modo sur deux jambes: les actions sociales d'un côté, les politiques environnementales de l'autre. L'objet de la conférence organisée lundi dans le cadre du Festival du vent était principalement de savoir quelle jambe les entreprises sacrifiaient en premier lorsque surgissait la crise.
«Quand surviennent les difficultés, les programmes de RSE se recentrent en général sur le coeur de métier du groupe, répond, le premier, Bernard Saincy, directeur de la responsabilité sociétale de GDF Suez. L'entreprise, quand elle doit faire des économies, se concentre sur les obligations et a tendance à reporter les actions périphériques.»
Mais ces obligations ne concernent pas que le social. Si le respect du droit du travail en vigueur dans chaque pays où des normes de l'OIT constituent le minimum vital de la fameuse RSE, de nombreuses normes environnementales réglementent également l'activité des entreprises.
«Contrairement à ce que l'on pense, l'environnement est bien plus cadré d'un point de vue législatif que le social, assure Jean-Luc Vergne, ancien DRH de Sanofi, Elf et PSA. Il existe un grand nombre de normes internationales sur le sujet. Une entreprise aujourd'hui, même si elle le voulait, ne pourrait pas échapper à ses obligations en termes de RSE.»
Unir écologie et rentabilité
Du coup, certaines tentent de concilier écologique et social pour se sortir des difficultés. Le groupe Air France, qui a annoncé récemment un plan prévoyant la réduction de 10% de ses effectifs, n'a semble-t-il pas revu à la baisse ses ambitions en matière d'environnement. Au contraire, le groupe, pionnier avec son Plan Climat de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans un secteur qui représente à lui seul 2% des émissions mondiales, poursuit ses efforts de recherche dans le biocarburant durable.
«Pour évoquer ces sujets, les Anglo-saxons parlent des 3P: People, planet, profit (humain, planète, profit). Or, dans le cadre de ces recherches, on peut marier planète et profitabilité, résume Pierre Caussade, directeur Environnement et développement durable d'Air France. Notre plus gros poste de dépense aujourd'hui, c'est le carburant. Si demain, on arrive à économiser de l'énergie, on économisera aussi de l'argent.»
La responsabilité sociale des entreprises n'est peut-être pas soluble dans la crise, mais on peut craindre que celle des consommateurs le soit. Voyant leur pouvoir d'achat baisser, beaucoup de ménages privilégient le coût des produits au détriment de leur bilan social. «Au moment de choisir son billet d'avion, est-ce que le client plébiscite l'entreprise qui a le meilleur bilan en termes de RSE?, demande Pierre Caussade. Il semblerait que non. Il prend en général le moins cher.»
Source: http://www.20minutes.fr