Plusieurs des suspects interpellés samedi dans le cadre du vaste coup de filet anti-islamique se seraient radicalisés lors de séjour en détention. Un dérapage vers l'intégrisme qui pourrait s'expliquer par les difficultés liée à la pratique des cultes en milieu carcéral.
Plusieurs des suspects interpellés samedi dans le cadre du vaste coup de filet anti-islamique se seraient radicalisés lors de séjour en détention. Un dérapage vers l'intégrisme qui pourrait s'expliquer par les difficultés liée à la pratique des cultes en milieu carcéral.
Le milieu pénitentiaire forge t-il des religieux radicaux ? Cette question sensible se pose de nouveau deux jours après le coup de filet anti-islamique qui a conduit à l'interpellation d'une dizaine de personnes dans l'Hexagone. Selon les premiers éléments de l'enquête, plusieurs des suspects – soupçonnés d'appartenir à une cellule terroriste proche de la mouvance salafiste – se seraient radicalisés lors de leurs séjours en détention. Une réalité déjà mise à jour par les parcours de Khaled Kelkal (l'un des auteurs des attentats de l'été 1995, ndlr) et de Mohamed Merah, qui avaient tous deux justifié leurs crimes au nom de l'intégrisme islamiste.
“On ne peut pas tomber dans la généralité“, modère un directeur de prison joint par Metro. “Il est faux de résumer la prison à une fabrique de fous de Dieu. Cependant, il est vrai, comme le démontre plusieurs affaires, que certains prisonniers primo-arrivants en état de grande fragilité psychologique, aient été convertis à une idéologie religieuse radicale lors de rencontres avec des détenus qui se considèrent comme des guides spirituels".
Un déficit de représentants religieux
Interrogé lundi au micro de RTL, le ministre de l'Intérieur abondait dans ce sens. "Dans les prisons nous avons besoin d'imams, d'imams français, d'imams formés pour que ce ne soit pas des imams autoproclamés dans les prisons qui fassent passer ces doctrines de haine". Et force est de constater que le nombre de représentants religieux n'y est pas. Dans son rapport 2011, le contrôleur général des lieux de privation de liberté Jean-Marie Delarue pointe “les manquements de l'administration pénitentiaire quand à la pratique sereine des cultes religieux, et plus particulièrement du culte musulman“.
Sur les 66 748 détenus que comptaient les prisons françaises au 1er août 2012, Jean-Marie Delarue estime que “30 à 50% “ de la population carcérale est de confession musulmane. Actuellement, les prisons reçoivent la visite de 151 aumôniers musulmans (dont les 3/4 interviennent bénévolement), contre 655 aumôniers catholiques et 317 de confession protestante.
Dans un rapport de 2008, le bureau du renseignement de l'administration pénitentiaire chiffrait à 400 le nombre de prisonniers effectuant du prosélytisme en milieu fermé. “Les imams autoproclamés sont connus“, explique à Metro un conseiller d'insertion basé en région parisienne. “Leur maître mot est l'opportunisme. Ils savent repérer les jeunes fragiles en cour de promenade et réussissent parfois à servir de guide à des détenus qui se sentent abandonnés de tous“, ajoute-t-il. Avant d'assurer : “Sans davantage de moyens humains, il est clair que le prosélytisme prospère tranquillement“. Contactée lundi, la Chancellerie a indiqué prendre « le sujet au sérieux ». A tel point que quinze nouveaux postes d'imam sont inscrits au budget 2013 du ministère de la justice.
Source: http://www.metrofrance.com