ETATS-UNIS - Certains démocrates commencent à paniquer, alors que le président contrôlait jusqu'ici la course...
De notre correspondant
Mercredi soir, près de 67 millions d'Américains ont vu un Barack Obama apathique se faire marcher dessus par Mitt Romney lors du premier des trois débats télévisés. Quelles conséquences pour le président sortant? Le point, au jour d'après.
Romney progresse de deux points dans un sondage Reuters/Ipsos
Selon le premier sondage post-débat réalisé par Ipsos pour Reuters, Mitt Romney gagne deux points dans les intentions de vote au niveau national, à 43%, tandis qu'Obama est stable à 48%. Si Obama semble conserver une avance confortable, les sondages américains varient grandement. Sur la moyenne des études des dix derniers jours, Obama était à +3,9%. Si une baisse de deux points se confirme dans d'autres sondages, les deux candidats se retrouveraient tout à coup dans la marge d'erreur.
Obama a perdu une bataille, pas la guerre
C'est le consensus général. «Le challenger est toujours avantagé lors du premier débat car pour la première fois, il est vu par les spectateurs sur un pied d'égalité avec le président», analyse pour 20 Minutes le stratège démocrate Garry South. Il rappelle que Reagan avait connu une très mauvaise première soirée en 1984. Il était apparu vieux et fatigué, avant d’anéantir Walter Mondale lors du second débat, avec sa célèbre phrase: «Je refuse de faire de l'âge une question de campagne. Je n'utiliserai pas la jeunesse et l'inexpérience de mon adversaire à des fins politiques». «Obama doit se ressaisir. Sinon, les démocrates pourront commencer à s'inquiéter», avertit toutefois South. Patrick Dorinson, un conseiller républicain, acquiesce. Selon lui, «Romney aurait pu perdre l'élection» mercredi. Si la contreperformance d'Obama le relance, le républicain aura besoin de pousser son avantage dans les deux prochaines débats pour avoir chance, estime Dorinson. Qui prédit une élection «dans un mouchoir».
Obama va changer de stratégie
Mercredi soir, David Axelrod et David Plouffe, les deux architectes de la compagne d'Obama en 2008, ont tenté d'expliquer que le président «avait fait son boulot en parlant des problèmes de fond» et qu'il avait dû affronter «la malhonnêteté» de Mitt Romney. Jeudi, Obama s'en est d'ailleurs pris au «faux Romney». De fait, le virage au centre, plutôt habile, de Romney, n'a pas vraiment surpris les observateurs. En revanche, l'absence de réaction d'Obama, qui n'a pas réussi à exposer les contradictions de son adversaire, a laissé beaucoup de supporteurs démocrates en colère. «Où était Obama?», s'est énervé l'éditorialiste de gauche Chris Matthews. «Il n'a pas été capable de dire un seul de ces mots: ''47%'', ''Bain Capital'' (le fonds d'investissement créé par Romney, ndr), ''girouette'', ''Bush'', ''Detroit'' (sauvetage de l'industrie automobile, ndr), ''femmes'', ''questions sociales''. Virez-moi ses conseillers tout de suite», a tweeté le réalisateur-activiste Michael Moore. Dans un article sur les coulisses du débat, Politico rapporte que le président était venu avec l'ambition prudente «de ne pas perdre» et qu'il est ressorti «mécontent de sa performance». Selon une source démocrate, les Américains «verront un autre Obama» le 16 octobre.
Avantage Obama sur la carte électorale
Al Gore le sait bien: on peut gagner le vote populaire (mesuré par les sondages nationaux) mais perdre l'élection, décidée en ajoutant le nombre de grands électeurs rapportés par chaque Etat. Le chiffre magique: 270. Avant le débat, Obama était tout près du but, selon la carte électorale de RealClearPolitics: 269 votes assurés ou penchant Obama, contre 181 pour Romney; restent 88 voix dans une dizaine d'Etats trop serrés. Les trois plus importants: Ohio, Floride et Virginie. Dans les deux derniers, les deux candidats sont presque à égalité. En revanche, dans l'Ohio, Obama conservait 5,5 points d'avance avant le débat. Alors que les indécis ne sont que 4% dans cette Etat, Romney va devoir convaincre des supporteurs du président de changer d'avis pour l'emporter. Le prochain débat promet.
Source: http://www.20minutes.fr