Deux caisses régionales du Crédit Agricole développent leur présence dans les univers virtuels en 3D en lançant une université en ligne. Objectif : rapprocher la banque de ses clients via de la pédagogie en ligne.



Le Crédit Agricole possède une certaine expérience des univers virtuels en 3D : nous avions en effet mené des expérimentations dans Second Life. Des expériences intéressantes mais restées confidentielles, Second Life étant un univers d'experts, complexe à maîtriser pour un utilisateur non averti. Le projet avait donc été suspendu, mais les univers virtuels étaient restés un sujet de veille pour Immersive Labs, une agence Web filiale des caisses régionales de Pyrénées-Gascogne et d'Aquitaine.

Cette dernière a ainsi identifié un moteur de développement 3D, venu du jeu vidéo, permettant de bâtir des univers virtuels conviviaux et reposant sur un lecteur assez simple à télécharger (il ne fait que 3 Mo). Sur cette base technologique, plusieurs projets ont vu le jour.

VERS UNE UNIVERSITE NATIONALE ?

D'abord, dans un contexte où le métier de banquier est décrié, nous avons lancé une université en ligne. L'objectif consiste à inviter des clients et prospects à des sessions en ligne, non pas pour vendre des produits, mais pour faire du conseil, de la pédagogie. Par exemple sur des sujets comme l'investissement socialement responsable, la retraite ou le bon usage des cartes bancaires, mais aussi sur les opportunités du commerce électronique pour les commerçants « locaux ». Au cours de ces sessions, chaque participant devient un personnage dans l'univers virtuel - on parle d'avatar -, assiste à la conférence et peut dialoguer en direct avec les équipes du Crédit Agricole. Le projet, dont le développement est en cours de finalisation, a déjà donné naissance à quatre sessions de formation depuis juin dernier, en version « bêta ».

Via un questionnaire en ligne auprès de nos clients, nous avons également établi le programme pour 2011 ; ce dernier comprendra au minimum 15 sessions. Les premiers résultats sont en effet encourageants : sur les dernières sessions, nous avons réuni à chaque fois une centaine de personnes et nous sentons une bonne accroche du public.

EGALEMENT POUR DES FORMATIONS INTERNES

Le projet devrait d'ailleurs essaimer au sein du groupe. Des caisses régionales voisines des nôtres sont déjà associées et le projet - qui coûte 160 000 euros - est financé par la fédération nationale. On se dirige donc probablement vers une grande université en ligne nationale, avec probablement une approche plus segmentée (CSP+, présidents d'association, patrons, directeurs financiers, etc) du côté des contenus proposés.

La même technologie d'univers virtuels est également expérimentée pour des usages strictement internes. Pour des besoins de formation d'abord. La caisse de Pyrénées-Gascogne possédait déjà un campus dans Second Life : nous savons donc que la formation 3D fonctionne. Aux côtés de la formation présentielle, du e-learning, nous avons là un outil intéressant, particulièrement attractif et « naturel » pour nos plus jeunes collaborateurs, pouvant s'insérer dans notre politique globale de formation. D'autant que cette technologie permet d'utiliser des dispositifs de tableaux blancs sur lesquels les avatars peuvent intervenir, de mener des exercices ou encore de présenter des films. Sur ce volet, la partie technique est prête ; nous démarrons les premières sessions dans les jours qui viennent.

INSERER DE LA VIDEO DANS LES UNIVERS EN 3D

Enfin, les univers virtuels constituent un nouveau dispositif de collaboration interne, l'outil semble par exemple bien adapté pour mener certains comités de direction. Là encore, il ne s'agit pas d'en faire une solution universelle, mais de proposer un outil en plus, plus riche que l'audio et moins gourmand en bande passante que la visioconférence. La technologie possède à ce titre quelques caractéristiques intéressantes : capacité à insérer en direct la vidéo d'un intervenant, accès sécurisés aux salles virtuelles, faculté de mettre en place des réunions à la volée, alors que la visioconférence nécessite une réservation de salle. Aujourd'hui au stade du projet pilote, la solution va être testée dans différentes configurations afin d'identifier les usages les plus appropriés.

Et nul doute que nous n'avons pas encore exploré l'ensemble du champ d'applications qu'ouvre cette technologie. A notre niveau par exemple, on peut imaginer des usages plus commerciaux, comme la mise en relation directe des clients finaux avec le gérant d'un produit d'investissement, pour mieux comprendre le fonctionnement des outils financiers, ou la mise en place d'une nouvelle forme de relation avec nos sociétaires.

Nous n'excluons pas non plus la mise sur le marché de ce produit, car de très nombreux usages peuvent émerger : relations publiques ou relations presse, présentation de produit, galeries d'art virtuelles, boutiques virtuelles 3D, service après-vente clients, etc.

Source: http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr